En Belgique, les entrepreneurs talentueux et à succès, vendent souvent leur entreprise trop tôt.

Une explication qui me semble logique est notamment notre régime fiscal :

• La rémunération du travail est beaucoup trop taxée, dont celle du dirigeant,
• L’absence, bientôt feue, de taxation sur les plus-values.

Cela ne veut pas dire que je suis favorable à une taxation des plus-values, sauf si c’est pour réduire la taxation du travail.

Il est évidemment tentant de vendre sa société quand elle est bien valorisable, plutôt que de continuer à la diriger en se faisant matraquer à plus de 50% d’IPP, avec des ATN excessifs, quand on décide de se faire un plaisir bien mérité.

Un Ministre (et beaucoup d’autres acteurs de la mouvance politique) peut rouler dans une grosse limousine avec chauffeur, au frais du contribuable. Pour l’entrepreneur, cela est impayable, sauf à de très hauts niveaux.

Le patron de PME sera donc tenté de réaliser sa plus-value, en vendant son entreprise ; « Je prends mon cash, on ne sait pas de quoi demain sera fait, incertitudes à maints égards (géo-politiques, macro-économiques, fiscaux avec des « yoyo », en fonction de qui gagne les élections, avec, donc, un horizon de 5 ans …), et je vois ensuite comment organiser ma vie ».

Quand un jeune patron a vendu son affaire, il a du cash, il n’a plus de boulot.
Comme par définition c’est un « hyper actif », sinon il n’aurait pas réussi comme entrepreneur, il va « s’occuper ».
Comme son entourage sait qu’il a vendu son entreprise, donc qu’il dispose de capitaux, il est fort sollicité…
Comme le rendement de l’argent est soit fort risqué, soit faible, en bon entrepreneur, il investit dans du business qu’il contrôle…

Je ne citerai évidemment pas d’exemples, trop de copains ou d’amis, de gens que j’admire, mais que le système fiscal et administratif belge a poussés à « prendre leur cash ».

Donc, notre jeune entrepreneur, a vendu son entreprise, se retrouve avec du cash (dont le rendement va être faible), sans boulot (avec des tas d’opportunités à développer, dont une volée de gens qui l’aiderait bien à perdre son argent dans des projets plus ou moins « sérieux », bien que partant de bons sentiments), et évidemment, il a aussi des idées plein la tête.

Eh bien, allez donc voir les comptes des sociétés créées par ces entrepreneurs qui faisaient gagner beaucoup d’argent à leur entreprise, donc à la société, via la fiscalité.
Ils ont vendu X fois des EBITDA plantureux. Et aujourd’hui, leurs créations, leurs participations, accumulent des pertes, pour la plupart.
Comment expliquer que Jules, « qui hier, a créé ce fleuron », aujourd’hui, ne parvient pas à rentabiliser ce beau nouveau projet ?
Je crains qu’il ne faille se rendre à l’évidence. Ce n’est pas parce qu’on a réussi dans un business qu’on est capable de tout réussir. Quand on maîtrise bien un sujet, il vaut mieux l’approfondir, le peaufiner, que d’aller s’aventurer dans un domaine inconnu.

Si nul n’est prophète en son pays, chacun est aventurier dans l’inconnu !

Ma conclusion est simple : notre système fiscal devrait favoriser l’intérêt de nos brillants entrepreneurs à continuer à développer leurs performantes entreprises plutôt qu’à « prendre leur cash » et aller butiner des fleurs fragiles et inconnues.

Le lecteur va se dire que pour un « transmetteur » d’entreprises, son message est du genre à « se tirer une balle dans le pied »…

Eh bien non ! Plus notre tissu économique sera prospère, plus mon business sera utile et rentable.
Et, évidemment, je conseille à tout entrepreneur de se retirer à temps, de la tête de sa belle entreprise.

A temps, pas trop tôt, pas trop tard... Tout est histoire de mesure et de momentum !